Synecdoche, New York de Charlie Kaufman
Festival de Cannes - En compétition
Synop : À Schenectady, New York, la vie du metteur en scène de théâtre Caden Cotard est à un point mort. Sa femme Adele l'a quitté pour une carrière de peintre à Berlin, emmenant avec elle leur petite fille Olive. Une nouvelle liaison avec la séduisante et directe Hazel a échoué avant d'avoir commencé. Et une maladie mystérieuse bloque systématiquement toutes les fonctions autonomes de son corps. Inquiet de voir sa vie s'enfuir, il déménage son théâtre dans un entrepôt à New York. Il met en scène avec ses acteurs une célébration du quotidien : chacun devra construire sa vie artificielle dans un décor imitant la ville de l'extérieur, et qui ne cesse de grandir.
Scénarite d'Eternal sunshine of the spotless mind (2004) & de Human nature (2001) de Michel Gondry, de Confessions d'un homme dangereux (2003) de George Clooney, de Adaptation (2003) & de Dans la peau de John Malkovich (1999) de Spike Jonze ...
Toute l'équipe de Synecdoche, New York s'est retrouvée en
conférence pour répondre aux questions de la presse internationale.
Etaient présents le réalisateur et scénariste Charlie Kaufman, les
acteurs Catherine Keener, Samantha Morton, Michelle Williams, Tom
Noonan, Philip Seymour Hoffman et les producteurs Anthony Bregman and
Spike Jonze. Morceaux choisis.
Charlie Kaufman sur le choix du titre :
"J’aime bien les titres un peu compliqués qui n’en disent pas trop.
Le dernier film sur lequel j’ai travaillé, je l’avais intitulé Eternal Sunshine of a Spotless Mind,
et parce qu’il est un peu dur à mémoriser, je ne pouvais plus m’en
rappeler pendant pas mal de temps. C’est venu finalement avec le temps
et je me suis rendu compte que pour les spectateurs aussi. Donc, je me
dis que pour celui-ci, ils apprendront à prononcer un nouveau mot.
C’est toujours une bonne chose, non ?"
Sur le fait d’être dirigé par un débutant :
Philip Seymour Hoffman :
"Charlie a été incroyable. Dès le premier jour de tournage, il avait
les bons réflexes et les bons instincts. Il était à la fois sérieux et
léger. Je me suis fait violence pour saisir mon personnage et il m’a
aidé dans cette entreprise. Charlie est un ami et les amis vous aident
à passer les épreuves. Dans ce cas précis, il s'agissait de donner vie
à Caden. Je pense qu’il a perçu toutes les facettes de ma personnalité
durant ce tournage, ce qui n’est pas toujours plaisant."
Samantha Morton:
"J’ai collaboré avec des réalisateurs confirmés qui n’avaient pas la
moindre idée sur la manière de communiquer avec un acteur. Pourtant
c’est primordial de parler surtout quand on travaille avec des gens
intelligents – je dis ça en opposition à ceux qui veulent juste
accaparer la caméra pour flatter leur ego. Dès mon arrivée à New York,
il m’a insufflé une confiance inimaginable pour trouver l’essence de
mon personnage. C’est très rare aujourd’hui, car certains réalisateurs
redoutent de laisser trop de liberté aux acteurs… C’est leur film, leur
scénario, ils ont peur d'en perdre le contrôle. Je me suis sentie
tellement vivante sur ce tournage. Merci Charlie pour ça !"
Michelle Williams :
"C’est assez spécial pour moi d’avoir deux films en Compétition en même temps à Cannes (Wendy et Lucy est sélectionné au Certain Regard). Et la production de Shutter Island,
réalisé par Martin Scorsese, a été sympa de me laisser venir ici… La
manière de travailler sur ce film n’appartient qu’à Charlie mais
lorsque vous collaborez avec des gens très talentueux, il y a comme une
émulation entre toutes les façons de faire de chacun."
Charlie Kaufmann sur le fait de réaliser son premier film :
"Je n’étais pas spécialement inquiet. Certes, il s’agit d’un projet
monumental... avec des centaines d’acteurs et de décors, mais nous
avons fait en sorte de surmonter les obstacles pas à pas. Nous avons
connu bien évidemment des situations stressantes, mais j’adore
réellement travailler avec les comédiens. J’adore parler de ces petits
détails nécessaires à la création d’un personnage… J’écris sans but
précis. J’ai une idée, je m’y intéresse, puis enfin, je décide que je
vais l’explorer de manière plus approfondie. La différence entre écrire
et réaliser est que vous avez plein de gens qui veulent s’investir dans
votre projet ; ne pas en tirer profit est idiot et inintéressant.
Jamais je ne dirigerai quelqu’un pour qu’il agisse comme moi. C’est
pourquoi l’interaction que j’ai eue avec les acteurs, tout spécialement
avec Phil, est plus une collaboration. Le rôle a été créé ainsi. Il
existe un scénario et les discussions avec les acteurs donnent vie aux
personnages."
Spike Jonze sur Charlie Kaufman en tant que scénariste :
"Son écriture est tellement précise. Sur Dans La Peau de John Malkovich,
il y n’avait pas pour obligation d’amener chaque jour de nouvelles
idées, mais pendant le tournage, on essayait des choses. Nous étions
toujours respectueux du texte, tout en étant libre d’improviser quand
on le sentait. Parfois, il demandait ce qui était arrivé à un dialogue…
Mais il sait s’adapter, parce qu’il a conscience que certains jours,
vous ne pouvez pas tourner à cause d’un problème technique…"
Spike Jonze sur Charlie Kaufman en tant que réalisateur :
"Synedoche, New York est vraiment brillant. Charlie n’hésite
pas à supprimer des idées pour résoudre des problèmes de récit, tout en
préservant son intégrité artistique et ses intentions. La scène du
prêtre en est la parfaite illustration. C’est l’une de mes préférées."