Two lovers de James Gray
Festival de Cannes - En compétition
Synop : New York. Un homme hésite entre suivre son destin et épouser la femme que ses parents ont choisie pour lui, ou se rebeller et écouter ses sentiments pour sa nouvelle voisine, belle et volage, dont il est tombé éperdument amoureux.
Little Odessa reçoit à Venise le Lion d'argent ex-aequo avec Les créatures célestes de Peter Jackson (1995) ...
A voir : The Yards (2000) et La nuit nous appartient (2007) ...
A l'occasion de la conférence de presse de Two Lovers,
toute l'équipe du film s'est réunie pour répondre aux questions des
journalistes. Autour du réalisateur James Gray se trouvaient les
actrices Gwyneth Paltrow et Vinessa Shaw et la productrice Donna
Gigliotti. Joaquin Phoenix, qui n’a pu venir à Cannes, a fait parvenir
le message suivant : "Je suis désolé de rater un si grand événement
comme le Festival de Cannes ; j’apprécie sincèrement le soutien que
nous apporte la communauté de cinéphiles français. Ils nous ont aidés à
financer ce superbe film, ont toujours été derrière les productions de
James Gray. Je suis vraiment déçu de ne pouvoir participer à cette fête
avec mon réalisateur et mes partenaires."
James Gray sur le fait d’écrire un rôle pour un acteur :
"Je ne suis pas vraiment heureux, car il n’est pas présent. C’est
vraiment dommage, car je pense que sa performance dans ce rôle est
fantastique. Je l’ai écrit pour lui ; je l’avais à l’esprit dès le
début. Il en va de même pour Gwyneth. J’ai eu beaucoup de chance
d’obtenir leur consentement à tous les deux."
Gwyneth Paltrow sur Michelle, son personage :
"Je pense que nous avons tous été, à un moment de notre vie, sans
guide ; sans savoir qui nous sommes exactement, où nous allons... Tout
ça pour finir dans des situations très regrettables. On établit alors
des modèles comportementaux qui ne nous conviennent pas vraiment. Je
comprends aussi l’obsession. Je trouve Michelle tellement irrésistible,
tellement déchirante. Elle sombre dans un engrenage où elle désire tout
ce qui est mauvais pour elle. Je pense qu’elle a été un personnage
incroyable à jouer… un esprit libre, lunatique, une fille adorable
quand elle avait 10 ans mais qui a pris une mauvaise direction… Elle
est l’un des personnages dont je me suis sentie la plus proche."
James Gray sur son idée de la comédie romantique :
"Je ne l’ai jamais conçu comme une comédie romantique, mais j’ai
tenté de rendre le film drôle. Lorsque vous traitez d'un sujet comme
l’amour, il y a cette idée saugrenue comme quoi le désir repose en
grande partie sur le fantasme. C’est très difficile de raconter ce
genre d’histoire avec des intentions sérieuses. Quand vous tombez
amoureux, vous êtes presque en état second, ça vous fait faire des
choses dingues, comme dans les films d’Ernst Lubitsch. Il y avait cette
intention de me frotter à cet aspect. Quand j’étais à l’université,
j’étais obsédé par Jacques Lacan. Il parlait des couches parallèles du
désir. En ce sens, je voulais avec ce film amener un caractère sérieux
à un genre qu’on traite souvent avec légèreté."
Vinessa Shaw sur Sandra, son personnage :
"Je n’ai pas le sentiment que Sandra soit tragique. Je trouve même
qu’elle apporte une lueur d’espoir. C’est un personnage entier, elle
s’est vraiment révélée à elle-même en tant que femme. C’est un
équilibre délicat à trouver : elle veut l’aimer de tout son cœur mais
doit attendre qu’il s’abandonne à son tour. Je crois qu’elle entrevoit
le futur pour eux deux et essaie de l’emmener dans cette direction."
James Gray sur les happy end hollywoodiens :
"C’est un peu un cliché de penser qu’Hollywood a toujours fabriqué
des fins vides de sens. Dans le film le plus populaire de tous les
temps, Autant en emporte le vent, Rhett Butler la laisse toute
seule à la fin. Autrefois, Hollywood avait l’habitude d’imaginer des
dénouements très complexes, des histoires riches avec plusieurs degrés
de lecture. Et c’est fini… Je me situe artistiquement dans cette
tradition des films américains... Vous n’êtes pas sans savoir que je
n’ai pas beaucoup d’admiration pour les productions de mon pays de ces
trente dernières années. C’est lié bien sûr au système économique. Les
films sont tellement coûteux qu’ils doivent plaire au plus grand
nombre. Forcément, cela appelle à développer des fins indigestes qui
contentent le plus de spectateurs possible. Le business semble avoir
pris le pas sur la création et la façon de raconter les histoires."