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Du kulte selon Bou
23 mai 2008

Crash de David Cronenberg (1996)

Crash

Au sulfureux roman de JG Ballard, seul Cronenberg pouvait donner des images, de la chair à voir et à pétrir. Chair meurtrie, cicatrices béantes comme autant d'orifices s'ouvrant, se dilatant. Chair à aimer, dans des convulsions inédites que le réalisateur filme avec juste ce qu'il faut de détachement. Chair brûlante de Deborah Kara Unger que refroidissent aussitôt la lumière glaciale de Peter Suschitzky et la musique presque désincarnée d'Howard Shore. Un authentique tue l'amour, Cronenberg, surtout quand il parle de sexe.
Parcours d'un couple qui, dans sa quête de nouvelles sensations amoureuses, se plie aux pratiques d'une communauté ralliée autour d'un ferrailleur fétichiste des pièces détachées d'épaves automobiles, Crash ne cause que de ça. Et de mort avec, car dans l'œuvre de Cronenberg, la chair est périssable en même temps que l'âme. Nul autre de ses films ne l'a mieux exprimé que Crash.
S'il abandonne la dimension apocalyptico-pornographique du livre, le canadien n'en prend pas moins les mêmes sens interdits, n'en grille pas moins les mêmes feux rouges, ramenant l'être humain à sa seule enveloppe charnelle, à ses seules pulsions animales, à une recherche sans fin du plaisir.
Pas forcément agréable à entendre, à voir ou à admettre. Y compris au festival de Cannes où, en compétition officielle, le film se fait siffler, injurier, conspuer. David Cronenberg n'en attendait pas moins, le pire étant pour lui l'indifférence, le consensuel ou - cas extrême - la vénération béate des foules. Il en est loin avec Crash.

Marc Toullec pour MadMovies

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