24 city de Jia Zhangke
Festival de Cannes - En compétition
Synop : Chengdu, aujourd'hui. L'usine 420 et sa cité ouvrière modèle disparaissent pour laisser place à un complexe d'appartements de luxe : "24 City". Trois générations, huit personnages: anciens ouvriers, nouveaux riches chinois, entre nostalgie du socialisme passé pour les anciens et désir de réussite pour les jeunes, leur histoire est l'Histoire de la Chine.
Bon nombre de ces films présentés sur le territoire chinois sont interdits, notamment Xiao Wu artisan pickpocket (1997), film réaliste sur la Chine d'aujourd'hui et Platform (2000) Montgolfière d'or du festival des trois continents de Nantes ...
The world (2005) est son premier film autorisé par le gouvernement chinois même si il porte, tout comme ses précédents films un regard acerbe et désenchanté sur sa société.
Still life (2007) fait effet de surprise à Venise et il reçoit d'ailleurs le Lion d'or.
A noter Plaisirs inconnus (2003).
Conférence de presse du 17.05.2008 à Cannes.
Toute l’équipe de 24 City s’est réunie en conférence de
presse pour répondre aux questions des journalistes. Le réalisateur Jia
Zhangke était accompagné de ses deux actrices Joan Chen et Zhao Tao,
ainsi que de ses deux producteurs Shozo Ichiyama et Chow Keung. Tous
ont tenu à marquer une minute de silence en mémoire des récentes
victimes du tremblement de terre survenu dans la province du Sichuan,
en Chine. Propos rapportés.
Jia Zhangke sur le mélange des genres cinématographiques :
"La Chine vit une transformation extrêmement importante avec le
passage de l’économie planifiée à l’économie de marché. Ce phénomène a
eu des conséquences marquées sur l’individu. J’avais très envie de
faire un film sur cette réalité, sur cette nouvelle influence sur la
vie des gens. J’ai commencé par faire une centaine d’entretiens
d’ouvriers. Puis, je me suis demandé pourquoi ne pas mélanger les
genres : avoir une partie documentaire suivie d’une partie fiction.
N’est-ce pas là la meilleure façon d’obtenir des informations riches en
enseignement pour parler de l’Histoire avec un grand H ?"
Jia Zhangke sur le choix du lieu de tournage :
"Cette usine 420 porte cinquante ans d’histoire en elle ; plusieurs
dizaines de milliers d’ouvriers y ont travaillé, cela implique un grand
nombre de familles et tout leur vécu. Parallèlement, il y a cette
particularité : elle allait être détruite au profit d’un complexe
immobilier baptisé "24 City". Il était donc évident que toute la
mémoire sur l’économie planifiée que je souhaitais traiter allait
disparaître. Je devais faire vite et enclencher le tournage. Ce
changement est symbolique de la vitesse à laquelle la Chine évolue."
Jia Zhangke sur son évolution personnelle :
"Pour les besoins de 24 City, je me suis très rapidement
plongé dans les souvenirs de mon pays. On trouve souvent des réponses
sur les questionnements concernant la société actuelle en fouillant le
passé. Ce film me permet dans mon évolution de cinéaste d’établir un
pont nouveau entre mon époque actuelle et les références historiques."
Joan Chen sur le récent tremblement de terre en Chine :
"Jia Zhangke a un sens très précis de l’observation, notamment quand
il s'agit des gens simples. Il évoque les changements qui se déroulent
actuellement en Chine et qui touchent la population. Les victimes de ce
tremblement de terre sont précisément la couche sociale que Jia Zhangke
aime décrire. J’espère que spirituellement ce film, à travers son
succès, pourra aider les gens de cette province, que nous pourrons le
leur dédier."