Entre les murs de Laurent Cantet
Festival de Cannes - En compétition
Synop : François est un jeune professeur de français d’une classe de 4ème dans un collège difficile. Il n’hésite pas à affronter ses élèves dans de stimulantes joutes verbales. Mais l’apprentissage de la démocratie peut parfois comporter de vrais risques...
Laurent Cantet aime le social ... En effet, on lui doit Ressources humaines (1999), un film froid et brutal sur le monde du travail ...
Il a fait ses débuts en tant qu'assistant réal sur un Marcel Ophuls : Veillées d'armes (1994)
Pour la traditionnelle conférence de presse, Laurent Cantet, réalisateur de Entre les murs,
présenté ce samedi en Compétition, était entouré du romancier,
scénariste et acteur François Bégaudeau, des productrices Caroline
Benjo et Carole Scotta, du scénariste Robin Campillo ainsi que des
acteurs Frédéric Faujas, Anne Langlois et Jean-Michel Simonet.
Laurent Cantet sur son souhait d’adapter le roman de François Bégaudeau :
"J’avais
le sentiment que l’école était un des endroits où se fabrique la
société. Je m’apprêtais à faire un travail de souris, qui allait se
planquer dans un collège. Or, le livre de François apportait déjà cette
matière-là. Dans mon projet initial, j’avais le même postulat de départ
que François : l’envie de rester "entre les murs", en pensant que ce
petit monde serait une caisse de résonance à tout ce qui se passe hors
les murs. Le profil du prof représenté dans le livre synthétisait
plusieurs personnages que j’avais envie de mettre en scène. François
m’a rapidement paru le mieux placé pour interpréter ce professeur."
Laurent Cantet sur le travail de préparation :
"On a travaillé longtemps. Pendant toute l’année scolaire qui a
précédé le tournage, on a animé un atelier dans le collège Françoise
Dolto à Paris. Y venaient tous les élèves volontaires, de 13 à 16 ans.
Pendant 3 heures par semaine, tout le monde s’est amusé à improviser
sur des situations que je leur proposais, souvent en configuration de
classe. Ca nous a permis d’apprendre à nous connaître, et aussi de
faire un casting - pas au sens traditionnel. C’est un travail qui s’est
fait à très long terme. Jusqu’au dernier moment, je ne savais pas qui
tiendrait les rôles principaux."
Laurent Cantet sur la méthode de tournage :
"Le matin, quand on commençait la scène, François savait où il
devait aller. Quelques acteurs de la scène savaient qu’ils devaient
dire à un certain moment telle phrase qui me servirait de charnière
dans l’avancée de l’histoire. Et puis François lançait le cours, comme
s’il avait été vraiment en cours. On avait trois caméras qui captaient
tout ce qui se passait. Il m’arrivait d’intervenir en demandant à un
acteur de reprendre la scène, mais en y intégrant de nouvelles
indications."
François Bégaudeau sur la liberté lors du tournage :
"Le dispositif facilite une certaine aisance : on faisait des prises
assez longues, on avait le droit de se tromper, on avait une marge
d’approximation sur la langue. Je savais quelle idée je devais
développer, mais je ne connaissais pas la formulation, on n’était pas à
la virgule près."
Robin Campillo sur la place de François Bégaudeau :
"La classe est un petit théâtre très particulier. François, c’est un
délégué de la mise en scène, un peu comme un professeur est un délégué
de la société dans la salle de classe. C’est lui qui organise la
parole, c’est lui qui dirige. C’est pour ça qu’il paraissait évident
que François interprète son propre rôle. C’est lui qui organise la
fiction de l’intérieur de la scène. C’est ce qui rend ce dispositif un
peu inédit."
François Bégaudeau sur la notion de jeu :
"Tous les matins, un prof se met en position "prof". Il y a quelque
chose de très théâtral. On filme donc des gens, dont le réel consiste à
jouer – élèves compris. C’est pourquoi ils sont si bons à l’écran : ils
passent leur temps à jouer entre eux, et à jouer "à l’élève", certains
aux "mauvais élèves", d’autres aux "bons élèves". C’est pourquoi le
tournage a été si facile, si fluide : le jeu continuait."